Vendredi 19 août, 18h
Eglise de Belgodère
Concert Gratuit
Musique et littérature
La musique est un langage à part, un langage en soi. Si c’est vrai, comment bien parler de la musique ? On peut en parler de manière technique ou historique : c’est ce que font les musiciens, les critiques et les musicologues. Mais alors est-on certain de parler de ce dont parle la musique ? Le langage décrit des choses, raconte des histoires : le langage musical enchaîne une suite d’événements, sonores et rythmiques, ce qui est très différent. A propos d’une pièce de Schumann, la pianiste H. Grimaud ne pouvait rien dire d’autre sinon : « ici, ça cherche, ça explore… Puis ça insiste. Et puis ça revient, doucement » . Le langage sur le langage musical devrait, à la limite, se contenter de verbes et d’adverbes, comme sur les notations des partitions (pianissimo…, crescendo…). A une femme qui, après un récital privé, lui demandait ce que signifiait sa musique, G. Fauré serait resté silencieux et se serait remis à jouer une partie de son programme. Pour plagier une célèbre formule du philosophe contemporain Wittgenstein, « ce dont on ne peut parler, il faut » … le jouer. Pourtant, la difficulté peut être contournée, si le dialogue se fait entre la musique et la littérature. Après tout, la littérature dans sa plus haute aspiration, la poésie, est une musique des mots ; la musique dans sa plus haute réalisation est une poésie des sons. Et que le modèle de la poésie soit rhétorique comme dans la musique baroque que j’affectionne, ou soit spéculatif comme dans la musique romantique, il n’y a peut-être pas mieux que la littérature pour parler de la musique. Parfois le texte littéraire peut illustrer le thème musical. Plus rarement peut-être, en parlant d’autre chose, la littérature dit la même chose que la musique. Osons quelques associations libres et laissons la musique et la littérature se répondre, le temps d’un récital…
Couperin:
Les barricades mystérieuses
Les roseaux
L’anguille
Les langueurs tendres
Saillie
Debussy
Minstrels
Jardin sous la pluie
Hommage à Rameau
Rameau:
Les tendres plaintes
Le rappel des oiseaux
La poule
Les sauvages
Chopin prelude op28
N3-22 et 15